Hybrider les compétences technologiques et humaines à l’ère de la transformation digitale

Article d’Emmanuel Baudoin, Professeur associé en ressources humaines  et Directeur du HRM Digital Lab à Télécom Ecole de Management.

La transformation digitale, qui s’est accélérée ces dernières années, nécessite des professionnels du numérique, rares sur le marché du travail. Comme le montre le baromètre IMT des métiers du numérique, tous les secteurs d’activité recherchent les mêmes profils : data scientist, développeur, ingénieurs réseaux, ingénieurs sécurité (…).
Dans cet univers, les compétences technologiques sont reines. Pas de numérique sans technologie. À y regarder de plus près, cette réalité en cache une deuxième : l’accélération des besoins en compétences liées aux dimensions humaines de la transformation digitale.

Savoir accompagner le changement

Dans le domaine de la data science, savoir manier les outils informatiques et statistiques est une chose ; savoir orienter les recherches et interpréter les résultats en est une autre. Lorsque l’analyse de données massives est orientée vers la compréhension de comportements humains, il est nécessaire de revenir à la compréhension des mécanismes humains au niveau individuel et collectif. Les domaines des sciences sociales (psychologie, sociologie…) et des sciences de gestion (marketing, ressources humaines…) sont riches d’enseignement sur ces aspects.
Dans le domaine du conseil, les connaissances des dimensions technologiques pour les projets numériques est primordial. Savoir accompagner le changement tant au niveau de l’analyse des impacts du changement pour les différentes parties prenantes, de la communication, de la formation, de la mobilisation d’un réseau s’avère incontournable lorsque l’on sait que nombre de projets échoue à cause de la non prise en compte des enjeux humains.
Dans le domaine du développement de logiciel, le développement informatique est la clé de voute de l’existence de tout produit informatique. Savoir comprendre les besoins des utilisateurs, leurs mécanismes cognitifs et comportements d’usage, savoir intégrer les questions d’ergonomie dès le départ est la clé du succès de l’adoption des différentes formes de produits logiciels. Cette liste est loin d’être exhaustive.

Il est primordial de saisir ce que la technologie peut réellement apporter, loin de certains fantasmes et contre-vérités

Pour les profils technologiques, la connaissance des mécanismes humains, la capacité à comprendre et questionner les différentes parties prenantes d’un projet numérique, la capacité à communiquer, vendre, convaincre, la capacité à former et manager (des équipes locales, à distance et à l’international) sont devenues plus que jamais incontournables. Pour s’en convaincre, il suffit d’aller interroger les différents professionnels impliqués dans des projets numériques. Avant d’avoir à relever des défis technologiques, ils doivent avant tout résoudre des défis humains.
Pour les profils orientés vers la gestion, la psychologie, la sociologie (…), l’inverse est vrai également. Pour comprendre les enjeux des transformations numériques, il est primordial de saisir ce que la technologie peut réellement apporter, loin de certains fantasmes et contre-vérités, et surtout comment elle fonctionne.

Compétences technologiques et compétences humaines ne vont plus l’une sans l’autre. Cette réalité n’est pas nouvelle mais se renforce, se complexifie dans ses formes, et devient cruciale, dans un monde qui lui-même s’est complexifié. Pour se distinguer sur le marché de l’emploi, et travailler son opérationnalité, il est devenu indispensable de les associer afin de se créer un profil hybride de compétences.

 

Voir aussi :
notre « Portrait Ingénieur 2030 »
notre post sur le baromètre des métiers du numérique  

 

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