10ème Baromètre IMT des métiers du numérique 2018 : Big Data et cybersécurité génèrent de plus en plus d’emplois

Dans un environnement économique porteur, les entreprises de l’IT affichent de bonnes perspectives de recrutement. Les besoins en profils Big Data et cybersécurité montent en flèche.

Poussées par la reprise économique, les perspectives d’emploi des jeunes ingénieurs du numérique et des télécoms restent au beau fixe. C’est la tendance qui se dessine en 2018, d’après notre étude réalisée le 15 février dernier lors du Forum des Télécommunications (*). L’année qui commence confirme la reprise amorcée depuis 2016 : 90 % des entreprises interrogées affichent des prévisions d’activité positives, le reste s’attendant à un simple maintien de leurs résultats. Dans ce contexte très favorable, 50 % des employeurs sondés tablent sur des volumes de recrutements supérieurs à 2017, 44 % prévoyant une stabilité des embauches. Des résultats remarquables bien qu’un peu en retrait. Rappelons que l’année dernière, 58 % des entreprises déclaraient ouvrir davantage de postes. Sans doute en partie pour continuer à rattraper le sérieux coup de frein sur l’emploi, constaté entre 2012 et 2015.

Les ESN accélèrent

La crise ? De l’histoire ancienne désormais, surtout pour les éditeurs de logiciels. 75 % d’entre eux ont l’intention d’augmenter leur recrutement en 2018 par rapport à l’an passé. Dans cette course aux talents, les industries Télécom et électronique sont bien placées (67 %). De même que les entreprises de services du numérique (ESN) et les entreprises de conseil en ingénierie dont plus de 60 % prévoient d’accélérer les embauches. Alten a par exemple prévu de recruter 3500 ingénieurs, 25 % de plus qu’il y a un an. Davantage de postes ouverts également chez les sociétés de services d’ingénierie et d’informatique (SSII) Devoteam (environ 1 000) et Sopra Steria (2 700), laquelle se distingue avec 80 % de profils juniors. En revanche, dans les secteurs de l’audit conseil et des opérateurs Télécom, l’heure est plutôt à la stabilisation des plans d’embauches. D’après le Baromètre IMT des métiers du numérique, moins de la moitié des cabinets conseil interrogés envisagent d’intensifier leurs recrutements contre 75 % en 2017. Bearing Point symbolise bien la tendance avec 400 recrutements prévus dont une moitié de jeunes diplômés. Autant que l’an passé.

L’émergence de grands acteurs du Web offre également de nouvelles opportunités. La licorne française Vente-Privée annonce le recrutement de 300 personnes dans les mois qui viennent. Pour lutter au niveau technologique avec les géants du e-commerce (Amazon, Zalando), le groupe met les bouchées doubles en matière de R&D. Expérience client, personnalisation de l’offre, accélération de la livraison …. autant de défis à relever pour des équipes d’ingénieurs et de développeurs que la plate-forme de Jacques-Antoine Granjon souhaite désormais internaliser au lieu de faire appel à des prestataires.

Comme les années précédentes, les besoins des entreprises se focalisent sur les métiers techniques. « L’étude et le développement des logiciels et réseaux » arrive en tête des demandes dans quasiment tous les secteurs. Les ESN (23 % des besoins) et les éditeurs de logiciels (20 %) recrutent en priorité dans ce domaine. Suivent de près les métiers de l’ « Architecture et ingénierie » qui absorbent presque le quart des demandes dans les industries Télécom et électronique et 19 % de celles émises par les ESN.

Cybersécurité : des compétences recherchées partout

Si l’on regarde spécialité par spécialité, la recherche croissante d’experts de la sécurité se confirme. Tous secteurs confondus, la cybersécurité représente 9 % des demandes de compétences, selon le baromètre IMT des métiers du numérique. C’est dans l’audit conseil (13 %), les opérateurs télécom (12 %) et les éditeurs de logiciels (10 %) que les besoins en la matière sont les plus critiques. Les ESN ne sont pas en reste. « Avec l’essor des solutions Cloud ou le mode SaaS, les enjeux autour de la sécurité des données deviennent majeurs », explique-t-on chez Devoteam. Cloud, Data et sécurité sont devenus les trois business clé de la SSII. D’évidence, ce n’est qu’un début. La sécurité des données, qu’il s’agisse des infrastructures ou des logiciels, a un grand avenir. Chiffrement des données, logiciel de protection, détection de failles …les chantiers sont nombreux.

La prolifération des objets connectés renforce encore la demande pour lutter contre la cybercriminalité. Chez Renault dont le département « Ingénierie Produit » travaille sur des solutions d’électronique embarquée, la sécurité est devenu un nouvel enjeu avec la constitution amorcée d’équipes dédiées à cette problématique. Le véhicule du futur, forcément connecté et autonome, est vulnérable aux agressions à distance. Tous les constructeurs et leurs équipementiers auront besoin renforcer leurs ressources en sécurité informatique.

Les nouvelles menaces de cyberattaque s’étendent à tous les secteurs. Les ESN constatent ainsi un besoin croissant de protection dans le secteur banque-assurance qui depuis l’avènement des services en ligne investit massivement dans ses systèmes de protection. L’activité de la Défense est également très exposée. Parmi les 1 000 personnes que souhaite recruter Naval Group (ex DCNS) en 2018, les experts de la cybersécurité auront une place de choix. Selon le groupe d’armement qui veut faire de la sécurité un axe différenciant de sa politique d’innovation produit, les besoins de personnes très qualifiées dans ce domaine ne vont que s’accentuer.

Big Data : des métiers très porteurs

Autre fonction d’avenir, les spécialistes de l’analyse des données massives. Leur montée en puissance accompagne l’essor des plateformes Web qui font proliférer d’immenses volumes de données numériques. Désormais, selon le Baromètre IMT des métiers du numérique, ce métier pèse 8 % des demandes des entreprises sondées, tous secteurs confondus. Un pourcentage qui atteint même 11 % dans l’audit/conseil et les industries Télécom et électronique. Les experts du Big Data sont également très prisés dans les ESN et dans les grandes entreprises de services numériques, comme Amazon. A la recherche d’ingénieurs, le groupe américain qui poursuit l’augmentation de ses effectifs français était pour la première fois exposant au Forum des Télécommunications.

IA : des besoins croissants

Même si elle fait beaucoup parler, l’intelligence artificielle ne représente que 6 % des demandes de compétences. Mais, de l’avis général, les besoins pour des spécialistes IA vont aller croissant. Le développement de ces technologies du futur nécessite des experts en apprentissage automatique (Machine Learning) et des gourous de la data. Chez Microsoft France, présente cette année au Forum pour chasser des développeurs appelés à rejoindre son centre R&D de Issy-les-Moulineaux, l’IA est devenu l’un des sujets d’étude prioritaires. Autre domaine en plein essor, l’internet des objets (IOT, Internet of Things). C’est dans les ESN, l’audit/conseil et les industries télécom et électronique que ces compétences sont les plus recherchés avec 9 % des demandes.

Enfin, plus terre à terre et moins médiatisée que l’IA ou l’IOT, la technologie du très haut débit (THD) génère également de nouveaux emplois d’ingénieurs. Du moins chez les opérateurs télécom et les ESN. Des profils qui vont travailler sur la partie étude ou la gestion du déploiement de la fibre. Selon Altran, ces projets boostent clairement les recrutements dans les métiers des télécoms. Il faut aller vite. Avec le développement du Big Data, les opérateurs ont besoin de réseaux suffisamment performants en termes de débit. Des autoroutes numériques adaptées au déferlement de ces nouvelles masses de données.

* Le Forum des Télécommunications est organisé depuis 26 ans par les étudiants de trois écoles de l’IMT : Télécom École de Management, Télécom ParisTech, Télécom SudParis.
Cette étude a été réalisée par l’Observatoire des Métiers le 15 février 2018 auprès de 84 organisations présentes. 62 entreprises ont répondu au questionnaire.

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