Les étudiants étrangers en France : perceptions, attentes, et comparaison des marchés du travail en France, Allemagne, et Royaume-Uni

 La France est aujourd’hui avec l’Allemagne un des principaux pays d’accueil des étudiants étrangers, mais se situe néanmoins loin derrière le Royaume-Uni qui a conduit une politique volontariste en la matière. Les chiffres de l’enquête Sofres, associés à l’étude comparative du Commissariat général à la stratégie et la prospective permettent d’éclairer le positionnement de la France sur cette source potentielle de main d’œuvre qualifiée qui représente plus d’un étudiant sur dix.

La France, une destination toujours attractive pour les étudiants étrangers, bien que mise en concurrence

TNS Sofres a interrogé près de 20 000 étudiants étrangers (3 cohortes : futurs étudiants, étudiants, ou anciens étudiants) sur les raisons qui les avaient poussés à  étudier à l’étranger :

  • 37% pour obtenir un diplôme étranger, internationalement reconnu
  • 34% pour acquérir une expérience internationale
  • 32% pour bénéficier de meilleures conditions d’enseignement – et 32% également pour vivre une expérience enrichissante personnellement

97% recommanderaient à leurs amis ou connaissance la France pour aller faire leurs études, mais ils ne sont que 77% a indiquer que la France était leur premier choix, et près de la moitié ont hésité avec d’autres pays.

Des étudiants étrangers globalement satisfaits de leur expérience en France

Que ce soit au niveau des conditions d’accueil, ou de la qualité de vie, les étudiants étrangers sont dans l’ensemble satisfaits de leur séjour en France. Pour ceux qui projettent de venir faire leurs études en France, ils se font pourtant une idée moins positive de l’accueil par les français, et anticipent des difficultés de logement.

En ce qui concerne les étudiants en cours d’études, ou ayant terminé leur cursus, la principale insatisfaction, pour plus de la moitié des répondants (52%), porte sur la possibilité de travailler en France après ses études.

Les étudiants étrangers en France : variété des cursus et des origines

Les étudiants étrangers suivent des formations plus qualifiées que l’ensemble des étudiants présents en France : près de la moitié sont au niveau Master (contre 37% pour l’ensemble des étudiants en France) par exemple. Cela s’explique en partie par une première formation supérieure souvent effectuée dans leur pays d’origine, qu’ils viennent compléter en France.

Les spécialités de formation, que l’on retrouve aussi bien dans les grandes écoles que dans les universités,  bénéficient d’une attractivité variable selon les matières enseignées :

  • 28,5 % des étudiants étrangers sont inscrits dans un cursus « Sciences et ingénierie »
  • 33,5 % en « Droit, gestion »
  • 17% en « Arts, lettres et langues »

Les étudiants originaires du Maghreb (Maroc, Tunisie), et plus généralement d’Afrique (Cameroun, Côte d’Ivoire, Sénégal…etc), mais également d’Asie (Chine, Inde, Vietnam) se retrouvent plus fréquemment dans les  filières « Ingénierie et Sciences », alors que les étudiants issus des pays développés  sont plus nombreux dans les filières « Arts, lettres et langues », et dans une moindre mesure en « Sciences sociales, droit, gestion ».

Les étudiants étrangers en Allemagne et au Royaume-Uni : peu de similitudes avec la France

Le Royaume-Uni accueille deux fois plus d’étudiants étrangers que l’Allemagne et la France : 535 000 contre 264 000 pour l’Allemagne, et 260 000 pour la France (chiffres 2010).

Deux facteurs distinguent  le Royaume-Uni des deux autres pays : la langue anglaise d’une part, qui est soit la langue maternelle de l’étudiant, soit une compétence qu’il souhaite acquérir, et les frais de scolarité d’autre part, qui peuvent être soit gage de qualité des études, soit un critère de sélection.

Au niveau des formation suivies, les étudiants étrangers au Royaume-Uni, et dans une moindre mesure en Allemagne se retrouvent dans les filières d’excellence, alors qu’en France ils choisissent essentiellement les filières universitaires.

Point de similitude entre les trois pays :  les étudiants étrangers soient plus nombreux que les étudiants natifs à poursuivre leurs études à un niveau équivalent ou supérieur au Master.

L’accès à l’emploi des étudiants étrangers : comparaison entre la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni

Caractéristiques des trois pays

  • En France, comme en Allemagne, les cursus se professionnalisent de plus en plus : sur le marché du travail, les stages peuvent faire la différence, ce qui n’est pas le cas au Royaume-Uni où l’on passe directement du statut d’étudiant à celui de travailleur. En France, la relation entre études et emploi suppose souvent une formation locale, et privilégient les candidats qui ont des diplômes français, et une expérience pratique en France.
  • En Allemagne beaucoup plus qu’en France ou qu’au Royaume-Uni, la nécessité d’attirer les étudiants étrangers est un enjeu essentiel pour équilibrer l’offre et la demande de travail : la population en âge de travailler diminue (-3% en 10 ans), et le taux d’activité est le plus élevé des grands pays européens (supérieur de 7 points à celui de la France – cela signifie que la population disponible pour travailler est beaucoup plus mobilisée sur le marché du travail, et l’allongement de la durée d’activité a déjà été mis en place).
  • Un autre facteur : l’innovation étant portée par le facteur humain, l’Allemagne doit chercher à compenser son pourcentage relativement faible de diplômés de l’enseignement supérieur (26% des 25-35 ans, contre moins de 43% en France, et 46% au Royaume-Uni)

Attirer les jeunes diplômés étrangers est donc devenu « un enjeu majeur pour participer à l’économie de la connaissance », particulièrement en Allemagne.

L’installation des étudiants étrangers dans le pays d’accueil

  • Seuls 10% des étudiants interrogés souhaitent rester dans le pays de leurs études au-delà de cinq ans, mais pour 51% de ceux qui étudient au Royaume-Uni, 65% en France, et 80% en Allemagne, le projet de rester après la fin de leur formation vise à valoriser le diplôme obtenu par une première expérience professionnelle.
  • Il existe un décalage entre le pourcentage d’étudiants qui souhaite rester, ainsi si près de 6 étudiants sur 10 auraient aimé travailler en France, seuls 2 sur dix y sont parvenu.
  • Les chiffres sont proches entre les trois pays quant au nombre d’étudiants étrangers qui s’installent après leurs études.
  • Les nationalités les plus représentées sur le marché du travail correspondent souvent à celles qui sont les plus représentées au sein des étudiants, en prenant également en compte le rôle important des diasporas en France (algérienne, marocaine) et au Royaume-Uni (indienne, pakistanaise) qui facilitent l’insertion de leurs membres.

 L’insertion des étudiants étrangers sur le marché du travail

  • En France et en Allemagne, les étudiants étrangers qui s’installent dans le pays de leurs études s’insèrent mieux sur le marché du travail que les immigrés plus tardifs (diplômés dans leur pays et arrivés ensuite), mais moins bien que les natifs diplômés de l’enseignement supérieur.
  • Au Royaume-Uni, les étudiants étrangers et les immigrés tardifs ont sensiblement le même taux de chômage (entre 7 et 8%, chiffres de 2009-2011), alors que celui des natifs est de 5-6%
  • La France se caractérise par un très fort taux de chômage des immigrés tardifs : 18%, alors que celui des natifs est à environ 7% (chiffres de 2009-2011) ; il en est de même, dans une moindre mesure, en Allemagne (autour de 3% pour les natifs, près de 10% pour les immigrés tardifs). Plusieurs raisons à ces chiffres : la difficulté de faire reconnaître les diplômes obtenus dans le pays d’origine, la présence de professions réglementées, une plus faible maîtrise de la langue, et un réseau moins développé.
  • Les étudiants étrangers sont plus favorisés que les immigrés tardifs : moins de risque de chômage, moins de segmentation, et moins de précarité par exemple.

 Les conditions d’accès à l’emploi

  • C’est en France que les conditions de passage à l’emploi des étudiants étrangers sont les plus difficiles : l’opposabilité de la situation de l’emploi prévaut (sauf cas d’autorisation provisoire de séjour, ou revenus très élevés), contrairement au Royaume-Uni et à l’Allemagne qui n’exigent pas de test du marché du travail pour les détenteurs d’un diplôme du pays.

En conclusion de l’étude du CGSP, 6 propositions visant à attirer les talents étrangers

  1. « Simplifier les conditions d’obtention d’une autorisation provisoire de séjour, et porter l’autorisation de travail à temps plein
  2.  Supprimer l’opposabilité de la situation de l’emploi pour les étrangers détenteurs d’un diplôme français supérieur ou égal à bac+3
  3. Retenir des critères objectivables tels que le diplôme, le salaire pour la délivrance du titre de séjour mention « salarié » après les études (et éventuellement soumettre le nombre de ces titres à un quota annuel)
  4. Donner un rôle plus central aux entreprises et aux établissements d’enseignement supérieur, en tant que sponsors des étudiants et diplômés étrangers
  5. Accompagner les étudiants étrangers pour une première expérience professionnelle en France, mais également pour leur retour au pays
  6. Informer davantage les étudiants étrangers sur les opportunités d’emploi dans leur pays d’origine »

 Accéder à l’étude intégrale du CGSP (100 p., téléchargeable)
http://www.strategie.gouv.fr/blog/2013/11/rapport-etudiants-etrangers-et-marche-du-travail/
Source : www.strategie.gouv.fr
Date : novembre 2013

Accéder à l’enquête TNS-Sofres « Image et attractivité de la France auprès des étudiants étrangers (29 p., téléchargeable)
http://www.tns-sofres.com/etudes-et-points-de-vue/image-et-attractivite-de-la-france-aupres-des-etudiants-etrangers-2013
Source : www.tns-sofres.com
Date : novembre 2013

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