En France, le taux de chômage des titulaires de doctorat est près de trois fois supérieur à celui des pays de l’OCDE. Ce document de travail récemment publié cherche à analyser les raison de cette « exception à la française »
- 11 500 doctorats délivrés en 2011, et 65 000 doctorants
- Les docteurs représentent 4,8% des sortants diplômés de l’enseignement supérieur (chiffres de 2010)
Les difficultés d’insertion sur le marché professionnel des docteurs français
L’insertion des jeunes diplômés augmente normalement avec le niveau de formation. En ce qui concerne les docteurs, leur taux de chômage observé 3 ans après l’obtention de leur diplôme montrait depuis 1999 un taux supérieur à celui des titulaires de masters (7% pour les docteurs, 5% pour les titulaires de DESS en 2001 par exemple). Cette tendance semble néanmoins s’être inversée depuis 2010 (10% pour les docteurs, 12% pour les titulaires de Master).
Il faut également noter que les docteurs qui ont bénéficié d’un financement (CIFRE ou bénéficiaires d’une allocation de recherche) sont moins touchés par le chômage. Cela peut s’expliquer par des conditions plus favorables à la réussite de leur diplôme (disponibilité), le fait que le contrat entreprise ou établissement d’enseignement supérieur / doctorant est un contrat de travail, et que le doctorant a donc été sélectionné sur la base de critères de recrutement de l’employeur (employabilité), et que cette période se valorise ensuite comme une expérience professionnelle.
Le taux de chômage des docteurs français reste néanmoins près trois fois supérieur à celui des pays de l’OCDE.
- Le chômage des docteurs en France n’est pas lié à une « surproduction » globale de diplômés par rapport aux autres pays de l’OCDE : le taux de croissance annuel du nombre de thèses en France est parmi les plus faibles de l’OCDE
La France représentait 3% des diplômes de docteurs délivrés dans le monde (chiffres de 2008), et 5,6 % au niveau des pays de l’OCDE (chiffres de 2009).
La croissance moyenne du nombre de diplômés par an est plus faible en France (+1,4%) que dans la majorité des pays de l’OCDE : 3,6% pour les États-Unis par exemple, près de 10% pour l’Italie
- Les docteurs rencontrent des difficultés à s’insérer dans le secteur privé
Les docteurs qui travaillent en entreprise occupent principalement des métiers en dehors de la recherche. Ainsi 32% des docteurs diplômés en 2007 occupaient en 2010 un poste hors recherche, particulièrement dans le secteur privé ou la proportion est d’un sur 2.
Il faut noter également que la croissance des effectifs de chercheurs observée ces dernières années n’a pas bénéficié aux docteurs : les entreprises privilégient les profils d’ingénieurs à ceux de docteurs, même lorsqu’il s’agit de la fonction recherche.
- Un taux d’insertion qui varie selon les disciplines
Le taux de chômage de l’ensemble des diplômés 2007, observés en 2010 trois ans après leur diplôme est de 10%. Il est très inférieur pour les docteurs en Mathématiques, Physique (3%) ou en Mécanique, Électronique, Informatique (8%).
Les diplômés en Chimie ou en Sciences de la vie et de la terre sont par contre au-dessus de la moyenne (13% et 12%).
A noter que si l’on retient le taux de chômage comme indicateur d’insertion, la situation des diplômés français est globalement moins favorable que dans les autres pays de l’OCDE. Mais en ce qui concerne la nature des emplois occupés, le nombre de CDD est moins élevé en France que dans d’autres pays (voir par exemple le nombre très important de CDD dans les établissements universitaires américains).
Trois recommandations pour améliorer l’insertion professionnelle des docteurs en France
- « Améliorer l’information des établissements et des étudiants, notamment en associant davantage les acteurs privés à la production de données régulières, par disciplines, sur les besoins de recrutements et sur l’insertion professionnelle des docteurs.
- Accroître la part des thèses financées, notamment par les entreprises : d’une part, en fixant un objectif aux universités dans le cadre de leur contractualisation avec l’État ; d’autre part, en imaginant un dispositif permettant à une entreprise de financer une thèse en contrepartie d’un engagement du doctorant à demeurer quelques années dans l’entreprise après son embauche.
- Reconnaître le doctorat dans les conventions collectives, notamment dans les grilles salariales » (ce qui a déjà été amorcé par la loi sur la recherche de 2006, et la loi de 2013 sur l’enseignement supérieur).
Accéder au document intégral (28 p., téléchargeable)
http://www.strategie.gouv.fr/blog/2013/10/les-difficultes-dinsertion-professionnelle-docteurs-dt/
Source : www.strategie.gouv.fr
Date : octobre 2013