Jeunes ingénieurs : maintien des recrutements à un bon niveau
Dans les métiers du numérique et des télécoms, la crise est bien terminée. Après une année 2016 très favorable, les recrutements devraient se maintenir à un haut niveau en 2017. Et ce sont les jeunes ingénieurs qui en profitent le plus.
C’est ce qui ressort du baromètre IMT des métiers du numérique, publié en mars 2017 (*). Portée par une embellie économique qui se confirme, la quasi totalité des entreprises sondées (92 %) s’attendent à une progression de leur activité, le reste simplement à une stabilité. Ce vent d’optimisme touche surtout les éditeurs de logiciels et les industries télécom et électronique (100 % dans les deux cas).
Mais ces perspectives très positives ne se retrouvent pas automatiquement dans les plans de recrutements. Un décalage que l’on constate d’ailleurs chaque année. D’après le baromètre IMT des métiers du numérique, 58 % des employeurs prévoient d’augmenter leur effectif et 35 % s’attendent à les garder au même niveau que l’an passé. De bons chiffres certes mais un peu en retrait depuis un an. Sans doute que l’effet de rattrapage qui avait joué en 2016 après plusieurs années de vache maigre commence à s’estomper.
Opérateurs télécoms et audit/conseil optimistes
80 % des opérateurs Télécom et 75 % des groupes d’audit/conseil prévoient d’accroître les embauches par rapport à 2016. Ce sont les deux secteurs affichant les meilleures perspectives devant celui des entreprises de services du numérique (ESN) et ingénierie (50 %). Le groupe d’ingénierie Alten veut par exemple intégrer 3000 personnes en 2017 dont 2700 ingénieurs en CDI. Près de la moitié des nouveaux postes sont destinés à des profils juniors (moins de deux ans d’expérience). De son côté, Orange affiche toujours un objectif de 7000 CDI entre 2016 et 2018. Spécialistes de l’IOT et analystes de données sont les profils qui montent chez le premier opérateur français.
Les cabinets d’audit/ conseil sont au moins aussi optimistes que l’an passé. 600 à 700 recrutements en 2017 dont 400 CDI, c’est ce que prévoit EY, par exemple. Même avec des plans d’embauche moins spectaculaires (44 % prévoient de recruter davantage contre 86 % en 2016), les éditeurs de logiciels restent aussi très dynamiques. Le spécialiste Open Source Linagora prévoit d’embaucher 60 personnes cette année contre 40 en 2016, principalement des profils techniques (ingénieur R&D, développeurs, UX Designer …).
Dans l’industrie, ces compétences sont également très appréciées. DCNS estime ses besoins à 400 à 500 CDI par an d’ici 2021 pour répondre à de nouveaux contrats dont celui des 12 sous-marins australiens. Les jeunes diplômés (de 0 à 3 ans d’expérience) sont concernés par 60 à 70 % des postes offerts. Pour sa part, Renault Nissan propose des centaines de postes d’ingénieurs. Rien que sur la partie produits, le groupe cherche 350 spécialistes des technologies numériques qui vont travailler notamment sur le futur véhicule autonome.
Les profils techniques plébiscités
Une fois de plus, le baromètre IMT des métiers du numérique rappelle que la demande des entreprises se focalise sur les métiers techniques. Le « développement de logiciels et réseaux » arrive en tête (22 % des besoins) devant celui d’ « architecture et ingénierie » (15 %).
Si l’on regarde spécialité par spécialité, « Système d’information » (12 % des demandes), « ingénierie/intégration et déploiement systèmes » (11 %) et « sécurité » (10 %) constituent le trio de tête des compétences les plus prisées. Suivent de près « sciences des données » et « architecture système ».
Pour leurs jeunes recrues, les entreprises privilégient donc les postes techniques. Ce qui ne correspond pas forcément aux envies des diplômés d’écoles d’ingénieurs qui rêvent de pilotage de projet et de fonctions transversales.
De même, les spécialités les plus « glamour » bénéficiant d’un certain engouement médiatique ne sont pas forcément les plus recherchées. C’est le cas de l’Internet des objets (8 %). Quant aux compétences dans les technologies du Web, elles sont surtout prisées par les éditeurs de logiciels (14 %) et dans les services (14 % hors ESN).
Des start-up attrayantes
Une chose est sure, quelque soit la spécialité, ESN, grands groupes et industriels soulignent des difficultés à trouver les bons profils. Un phénomène de « pénurie » pas vraiment nouveau mais qui aurait tendance à s’accentuer en raison de la nette attirance des jeunes diplômés pour les start-up de la FrenchTech. Dans ces petites entités innovantes, la hiérarchie y serait moins pesante et les problématiques de qualité de vie au travail mieux prises en compte. Un jeune ingénieur peut y vivre une « aventure entrepreneuriale » avec des dirigeants souvent issus de la même génération que lui. C’est le style de profil recherché par Recommerce Solutions, une entreprise de 65 salariés spécialisée dans la collecte et le recyclage de Smartphones. Cette année, elle ouvre une vingtaine de postes principalement destinés à des profils techniques (développeurs, analystes de données…). Elle recherche aussi des ingénieurs qui connaissent l’univers des opérateurs télécoms pour des fonctions de responsable grands comptes.
Autre entreprise emblématique de ces jeunes pousses qui cartonnent, Devialet compte recruter une trentaine d’ingénieurs cette année, deux fois plus qu’en 2016. La start-up d’ingénierie acoustique qui emploie actuellement 250 personnes cherche des spécialistes en électronique, traitement du signal, acoustique … Pour attirer les meilleurs, elle met en avant des postes offrant un spectre de missions et de responsabilités plus larges que dans les groupes traditionnels. Outre des compétences techniques, il faudra donc montrer ses capacités à s’adapter et à faire preuve d’esprit collaboratif.
La guerre des talents relancée
En réalité, tout le monde recherche les mêmes compétences. La « guerre de talents » qui s’était un peu calmée ces dernières années est repartie de plus belle. Sécurité, réseaux, cloud … dans tous ces domaines le cabinet conseil NetXP (90 salariés) se retrouve en concurrence avec les grosses ESN, les éditeurs ou les grands groupes. Pour accompagner sa croissance, NetXP compte recruter entre 20 et 30 personnes par an et vise un effectif global de 200 personnes en 2021.
Pour trouver leurs perles rares dans les fonctions techniques, certaines sociétés vont chercher leurs étudiants très tôt. L’apprentissage est un outil de pré-recrutement efficace. Cela est surtout valable dans les groupes industriels. Eiffage Énergies (réseaux et systèmes d’énergie et d’information pour les infrastructures, l’industrie et le bâtiment) intègre une centaine d’apprentis par an, en plus des 100 CDI et 100 stagiaires dans les domaines du génie électrique, génie climatique et télécoms. Même intérêt pour l’alternance chez DCNS qui a fait travailler 650 apprentis en 2016. Le constructeur PSA, de son côté, maintient son objectif de 1000 alternants par an (plus 750 stagiaires) avec de nouveaux besoins dans les métiers de la sécurité, du numérique et du Big Data, notamment.
En revanche, dans les activités de conseil, l’apprentissage soulève moins l’enthousiasme. Difficile en effet de concilier le rythme de l’étudiant avec le métier de consultant qui nécessite une présence suffisante dans l’entreprise. La préférence va alors au stage qui permet de repérer les bons potentiels.
* Baromètre réalisé le 9 février 2017 auprès de 62 des entreprises présentes au Forum des télécoms. Secteurs représentés : Audit conseil, Opérateurs télécom, industrie télécom et électronique, ESN et ingénierie, autres industries, services (hors ESN).
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